Au Moyen-Âge, le chant grégorien est le chant religieux.
Il est basé sur des chants juifs.
Son nom vient du pape Grégoire (VIè siècle).
La légende veut que ce soit lui qui ait inventé le répertoire mais c'est Pépin le Bref qui, voulant unifier la politique, va unifier la liturgie : c'est la Réforme Carolingienne qui continuera sous Charlemagne et Charles le Chauve (pendant 150 ans environ).
Quels répertoires existent avant la réforme ?
5 répertoires : Romain, Milanais, Gallican, Hispanique et Bénéventain.
Pépin le Bref est allé à Rome et a choisi le répertoire romain pour son Eglise : des chantres romains sont ainsi venus en Gaule apprendre leur répertoire aux chantres gaulois.
Mais ceci ne s'est pas fait sans résistances. Ce qui a entraîné un mélange des genres pour donner un nouveau genre : le chant Romano-franc.
Comment cela se passe et quels sont les résultats ?
La transmission n'est pas évidente. 2 centres religieux inventent des notations : Laon avec la notation messine (de Metz)
St Gall avec la notation sangallienne
Le chant grégorien est plus simple que le chant romain (il comporte moins d'ornements et de notes conjointes).
Comment se déroule la messe ?
Introït, Graduel, Alleluia, Offertoire, Communion, Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei
Comment se déroule l'office ?
Répons, Hymnes, Chants, Prière, Psalmodie
Existe-t-il des classifications dans les notations ?
Oui : 3
- Diastémique (dont on peut distinguer les intervalles) avec les écoles de Gaillac (1070), St Yriex (XIè siècle) et Bénévent (Xè à XIIè siècles)
- Non diastémique avec les écoles de Laon (930) et St Gall (920)
- Alphabétique avec le manuscrit de Montpellier (notation tonaire au XIè siècle)
Le chant grégorien a-t-il évolué ?
Le chant grégorien est "intouchable", les textes et mélodies sont réglementés et fixés : on ne peut les toucher.
Un nouveau répertoire va malgré tout voir le jour : ce sont les nouvelles compositions du XIè siècle (âge d'or du Xè au XIIè siècles).
Quelles modifications apporte-t-on ?
Par ajout de musique, de texte ou des 2 et qu'on appelle des tropes, prosules et séquences.
Trope : ajout d'un commentaire chanté par un soliste après chaque phrase (=texte nouveau dans texte ancien).
Il est pratiqué sur l'Introït, l'Offertoire et la Communion (chants de la Schola = moines, chantres et enfants). Le soliste alterne avec la schola. On voit apparaître le développement de drames liturgiques dont le premier s'est fait à Pâques et le 2è à Noël.
exemple : Puer natus est nobis quem prophetae diu vatici
Et filius datus est nobis ......
Cujus imperium super humerum est ......
Prosule : ajout de texte/mélisme qui sont des moyens mnémotechniques.
exemple : Multi locutionibus meditae fa____rie precedentem olim
On passe d'une écriture mélismatique à syllabique.
On attribue, à tort, cette technique à Notker (884) alors moine à St Gall. C'est en effet un autre moine, chassé de Jumiège à cause de la guerre qui lui a fait part de sa technique.
Séquence : ajout de texte/mélisme d'Alleluia avec des assonances en "a".
Elle prend très vite de l'importance : 4500 séquences sont composées entre le Moyen-Âge et la Renaissance. Il nous en reste quelques-unes (la grande majorité ont été effacées durant le Concile de 30).
On distingue 2 générations :
- 1ère : créée sur une mélodie pré-existante (Notker) et faite de sections répétées mais avec des paroles différentes avec des assonances en "a".
- 2è : Wipo de Bourgogne compose une mélodie nouvelle et syllabique sans assonance et avec reprise de chaque section (qui entraînera l'idée de l'alternance des choeurs).
Adam de St Victor fait apparaître les ornements.
Les premiers traités ? ou l'Ars Musica
La musique, avec l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie forment le Quadrivium.
A ne pas confondre avec le Trivium (grammaire, rhétorique et dialectique).
Ce qui place la musique au même niveau que les matières scientifiques. La musique est considérée comme une matière scientifique et tient de façon logique sa place de premier choix dans l'enseignement scientifique et non pas linguistique.
- Boèce (475-524) est le 1er théoricien à faire cette distinction.
Il distingue la Musica Mundana, de la Musica Humana, de la Musica Instrumentalis (Musique des sphères célestes, musique du chant ou du corps, musique instrumentale) de la plus haute à la plus basse (hiérarchiquement) et jusque 1789, la musique vocale prime sur la musique instrumentale.
Il distingue également Scientia/Ars/Disciplina Musicae (Sciences/Traités/Pratique musicale). Il divise le monocorde en intervalles et définit l'octave (8ve ou diapason) comme étant la combinaison de la quarte (4te ou diatessaron) et de la quinte (5te ou diapente).
Il définit le tétracorde (instrument à 4 cordes) comme étant une 4te avec plusieurs divisions possibles :
-- diatonique : ton, ton, 1/2-ton (à l'origine de notre gamme Majeure)
exemple : do - ré - mi - fa
-- chromatique : ton 1/2, 1/2-ton, 1/2-ton
exemple : do - ré dièse - mi - fa
-- enharmonique : 2 tons, 1/4-ton, 1/4-ton
exemple : do - mi - mi 1/4-ton - fa
Il écrit un traité : "De Institutione Musica"
- Cassiodoro (477 - 570 ou 485 - 580) écrit un "Traité de Musique" où il décrit 6 consonances (il introduit la notion de consonance = des sons qui vont bien ensemble) : 4te, 5te, 8ve et 4te/8ve, 5te/8ve, 8ve/8ve.
- Aurélien de Réone (800 - 865) est le premier à parler de la théorie des modes avec des formules psalmodiques pour chaque.
- Anonyme avec "Musica Enchiriadis" (900) pose la théorie des modes et les bases de l'organum (une manière d'écrire la polyphonie = chant à plusieurs voix).
- Johannis Affligemensis (ou Jean Cotton 1100 - 1121) décrit les cadences (fin de phrases), les croisements des voix et les mouvements contraires.
- Guido d'Arezzo (975 - 1040) et son "Micrologus" copié 17 fois jusqu'au XVIè siècle.
Pour lui, chaque note a un nom qu'il appelle des claves.
Il place les claves sur la main (elle devient l'instrument) et définit les voces grâce à un chant :
-- Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli tuorum
Solve poluti
Labii reatum
Sancte Johannes (J = I en latin, SJ = Si)
La technique de lecture des claves s'appelle la solmisation.
Il divise également le monocorde.
Et que se passe-t-il ensuite ?
- Le XIè siècle ou la 1ère génération
Il faut embellir la musique.
Les 1ers traités "Micrologus" et "Musica Enchiriadis" (IXè siècle) en parlent mais on pense que la pratique est antérieure.
Les formes utilisées :
-- mélodie sur bourdon (note tenue)
-- mélodie parallèle avec 4te, 5te ou 8ve
-- mouvements contraires (recommandés par Johannis Affligemensis)
Les barres de mesures n'existent pas encore.
Tout ceci entraîne l'organum : on organise la polyphonie (chant à plusieurs voix)
Les manuscrits : Tropaire de Winchester (150 mélodies)
Chartres : 2 manuscrits (le chantre est venu improviser et a noté les chants)
Fleury sur Loire
St Maure des Fossés
- Le XIIè siècle ou la 2è génération
A St Martial de Limoges, il y a une bibliothèque qui contient une vingtaine de manuscrits dont les 3/4 écrits sur place (il faut environ 8 ans pour réaliser une bible) : c'est le plus grand Corpus du XIIè siècle.
-- Formes existantes :
---- versus/conductus (strophique, pas forcément basé sur le chant grégorien) = chant des déplacements
---- trope de benedicamus
---- séquence
-- Styles :
---- fleuri/mélismatique (chant grégorien tenu avec une mélodie en mélismes)
---- déchant (note à note)
Le Codex Calixtinus (Abbaye de Cluny ou proche) est destiné à St Jacques de Compostelle et contient 21 polyphonies dont une à 3 voix.
- La 3è génération
L'Ecole de Notre-Dame contemporaine à Notre-Dame de Paris (1ère pierre posée en 1163) voit apparaître le 1er chant liturgique dans la ville et voit également la naissance de l'université.
Le choeur est consacré en 1182, la nef achevée en 1200 et la façade en 1250.
Le répertoire est composé par l'école Notre-Dame pour Notre-Dame et a ensuite rayonné à l'étranger.
Les manuscrits sont ceux de Florence, Pluteus (dont un considéré comme le Magnus Liber Organi = Grand livre des organi), Wölfenbüttel 1 et 2, Las Huelgas (codex) écrit pour le monastère de Las Huelgas (exception), et Londres (2 manuscrits).
- Et qu'en est-il de la musique ?
2 générations de compositeurs et 4 formes musicales voient leur jour de gloire arriver.
-- Léonin et Pérotin (ceci est affirmé par un étudiant anonyme dans "Anonymus IV" et rapporté par Coussemaker au XIXè siècle).
---- Léonin est le plus grand compositeur d'organi, auteur du "Magnus Liber Organi"
---- Pérotin est le meilleur compositeur de chants. Il abrège le "Magnus Liber Organi" et y ajoute des chants.
-- 4 formes :
---- Conductus qui devient le Conduit (toujours strophique)
Il peut être monodique, ou à 2/3 ou 4 voix
A 2 voix, il reste strophique
A 4 voix, il y a seulement 2 pièces (il serait encore expérimental ?)
---- Organum (polyphonie)
Il y a les duplum (2 voix), triplum (3 voix) et quadruplum (4 voix).
Dans les duplum et triplum on retrouve l'organum (ou teneur), la clausule (mesurée) et la copula (cadence)
Dans le triplum il y a 2 voix et une teneur ce qui le rend moins libre que le duplum et aussi plus mesurée.
---- Motet
Est équivalent au prosule (texte/clausule)
S'il a 2 voix : teneur + motetus
3 voix : teneur + triplum + motetus
4 voix : teneur + quadruplum + motetus
Tous les chants comportent plusieurs textes en même temps et dans des langues différentes.
---- Rondelus
Le genre monodique de l'école Notre-Dame avec des danses cléricales qui existent jusqu'ç la fin du XVè siècle.
Le répertoire de Notre-Dame est très important car il installe les fondements de la musique occidentale.
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